Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 1, 1912.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autres ne sont que des événements à l’intérieur d’un processus unique. (VII, 553, VIII, 393). Pour Moore comme pour Dewey, d’une part le monde n’est pas un système d’idées et à n’importe quel moment une partie du monde peut être indépendante de notre connaissance, et d’autre part notre connaissance produit des altérations, des nouveautés dans les choses. Son réalisme est un réalisme opératif (VII, 617).

À côté du réalisme analytique d’un Spaulding, et du réalisme fonctionnel d’un Dewey, on peut étudier encore le réalisme épistémologique de John E. Russell, et le réalisme critique de Drake. Le réalisme, dit John E. Russell (VII, 701) est compatible avec une théorie idéaliste de la réalité ; ce qu’il affirme seulement, c’est que l’objet jugé réel n’est pas constitué ni rendu réel par notre conscience. Durant Drake (VIII, 365) oppose son réalisme naïf ; pour le réalisme critique, les données de l’expérience ne sont pas des existences permanentes ; elles n’existent qu’en tant qu’éléments d’expériences particulières ; l’arbre qui entre dans mon champ de conscience, dit Drake sans tenir compte de la théorie de l’extériorité des relations, ne peut être celui qui entre dans la conscience d’un autre ; mais l’un et l’autre ne sont que la représentation d’une chose en soi unique et inconnaissable. Au contraire le réaliste naïf, niant l’existence des choses en soi et affirmant la vérité de nos sensations, est amené à dire qu’un même objet ne peut être vu par plusieurs personnes.

Mary Whiton Calkins (VIII, 449) critique le réalisme en général ; les qualités et les relations des objets ne sont jamais que des formes de notre expérience ; nous ne connaissons jamais rien d’une façon certaine que notre expérience.

Lovejoy (VII, 683) voit dans la tendance « temporaliste » la tendance la plus importante et la plus générale des philosophes contemporains ; l’éternalisme idéaliste, se fonde sur une conception platonicienne de la vérité et sur une conception kantienne de la conscience qui sont toutes deux discutables. Mais Lovejoy ne semble pas se rendre compte de l’opposition qui existe entre un éternalisme absolu et le nouveau réalisme ; comme le dit Spaudling (VIII, 74), nous pouvons connaître une chose sans connaitre sa genèse ; et d’autre part les entités sont éternelles ; les réalistes insistent volontiers sur le fait que le passé est inaltérable (VIII, 509). Reginald Cooke (VIII, 316) critique le monde statique que Howison superpose au monde réel. James Howey Robinson (VIII, 253) trouve dans ses études historiques une preuve de l’élan vital, du « radicalisme inhérent à la nature ».

La philosophie doit-elle être aujourd’hui optimiste ou pessimiste ? Une dose de Schopenauer, dit Woodbridge Riley (VIII, 230) pourrait faire du bien à l’Amérique. En face des Trusts et du Tariff, de la cherté des vivres et de l’immigration, beaucoup des lecteurs de James se demandent s’il n’aurait pas pu mettre plus d’amer dans son « cocktail cosmique ». Pour H. B. Alexander, seule une conception manichéenne peut expliquer et la nature du bonheur et la nature du mal (VIII, 529). Par sa théorie manichéenne du monde, Alexander est amené au pluralisme comme Spaulding y est amené par son réalisme. Reginald Cooke (VIII, 316) critique le pluralisme de Howison.

Signalons encore parmi les articles de philosophie générale celui de S. A. Elkus sur le mécanisme et le vitalisme (VIII, 355) ceux de Alf. H. Lloyd sur la Logique de l’Antithèse (VIII, 281), sur la relation du tout et de la partie et sur la disparition du surnaturel (VII, 533), celui de Marvin sur la définition formelle de l’existence (VIII, 477). Dewey (VII, 505) et Dickinson Miller (VII, 645) étudient les caractères de la philosophie de James. Ce dernier insiste surtout sur le fait que James est un psychologue, et que dans la solution des problèmes métaphysiques il se laisse toujours guider par les affirmations de la conscience.

On trouve des idées intéressantes dans les études psychologiques de Franz sur les fonctions associatives du cerveau (VII, 673), de Winch sur la théorie des facultés (VIII, 337, 372), de Dunlop sur la relation entre le rythme et l’idée de temps (VIII, 348), de Keyser sur l’asymétrie de l’imagination (VIII, 309), de Hollingworth et de Henderson sur l’oubli et les souvenirs désagréables (VII, 709, VIII, 432).

Le Journal contient des comptes rendus de différents congrès de philosophie et de psychologie, qui se sont tenus en Amérique, et où ont été discutées principalement la question du réalisme, la définition de la conscience, la méthode de la philosophie, et les théories de psychologie religieuse (VIII, 91, 125, 204, 232).

Rivista di Filosofia. Le n° d’avril contient neuf travaux italiens présentés au Congrès de Bologne, par MM. B. Varisco, Al. Levi, R. Assagioli, L. Valli, C. Formichi, Al. Chiappelli, G. Tarozzi, G. Vidari, F. Filomusi Guelfi et aussi la traduction de l’étude de M. Schiller sur L’erreur. L’analyse en a été donnée dans le Compte rendu général du Congrès.