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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/116

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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

d’automne que nous trouvions d’autant plus vif, que nous étions très-légèrement vêtus. Nous arrivâmes dans un bourg qui, bien qu’il contînt environ quinze cents habitans, doit être un des moins considérables d’un pays où, comme on le verra plus tard, les villages sont plus grands que nos villes d’Europe. Il dépendait d’un des plus médiocres seigneurs du royaume, qui avait cependant beaucoup de vassaux, et outre plusieurs bourgs et villages, et qui résidait dans une forteresse inexpugnable dont je parlerai plus bas.

D’abord, après notre arrivée, mon interprète japonais dit aux habitans que j’étais le gouverneur de Luçon, nom qu’ils donnent aux Philippines, et il leur raconta notre déplorable aventure qui parut les toucher beaucoup. Leurs femmes, qui sont extrêmement compatissantes, pleuraient à chaudes larmes, et elles furent les premières à demander à leurs maris de nous prêter des vêtemens qu’ils nomment quimones, et qui sont doublés en coton ; ce qu’ils firent volontiers en me disant que, quant à moi, ils m’en faisaient présent. Ils partagèrent aussi généreusement avec nous leurs alimens, qui se composaient de riz, de quelques légumes, tels que navets et aubergines, et de quelque peu de poisson dont ils ne sont point abondamment pourvus, cette partie de la côte n’étant pas poissonneuse. Ils firent prévenir de notre arrivée le tono ou seigneur de leur village qui résidait à six lieues de là, et qui ordonna que je fusse bien traité, ainsi que ceux qui m’accompagnaient, mais qu’ils eussent bien soin