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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/118

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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

cendit du superbe cheval qu’il montait, et il m’envoya un troisième personnage avec plus de pompe, pour me prévenir qu’il allait entrer chez moi. Je sortis pour le recevoir. En me voyant, il me salua de la tête et de la main, à peu-près à notre manière. Il insista long-temps avec moi pour me donner la place d’honneur qui, au Japon, est à la gauche, parce qu’ils disent que c’est le côté de l’épée, qui ne se donne qu’à celui auquel on se confie. Je fus contraint de céder à ses insistances ; je pris le pas sur lui en entrant chez moi, et je gardai la gauche pendant tout le temps que dura sa visite. Il commença par me faire un compliment de condoléance sur mon malheur, d’une manière si polie et avec des expressions si choisies que je ne fus pas peu embarrassé de lui répondre. Il m’offrit en présens quatre habits de ceux que j’ai déjà dit qu’on nomme quimones. Ils étaient de damas et autres étoffes précieuses également garnies en or et en soie, et parfaitement coupés à la mode du pays. Il me donna aussi une épée appelée catana, ainsi qu’une vache, des poules, des fruits excellens, et du vin qui me parut exquis, quoiqu’il ne fût pas fait avec le raisin. Indépendamment de ce présent qui n’était pas de peu d’importance pour moi, attendu le cas où je me trouvais, il fit encore une action digne d’être rapportée. Il ordonna que, jusqu’à ce que l’empereur ait fait connaître ses intentions sur moi et les trois cents personnes qui étaient à ma suite, nous fussions tous entretenus à ses frais, ce qui eut lieu pendant trente-sept jours que dura