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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/122

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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

blement. Je parvins à la pièce où était le tono, avec lequel je m’entretins quelque temps assis ; après quoi il me montra son arsenal, qui me parut plus digne d’un souverain que d’un simple particulier. L’heure de dîner étant arrivée, il se leva et m’apporta lui-même le premier plat suivant la coutume des seigneurs japonais, lorsqu’ils veulent honorer ceux qu’ils admettent à leur table. Ce repas très-abondant se composa de viande, de poisson et de toute espèce de fruits excellens. Je puis dire que, malgré la différence qu’il y a entre leur manière et la nôtre, d’apprêter et d’assaisonner les mets la chère fut exquise. Après m’être reposé quelques instans, je pris congé de ce seigneur pour aller coucher à deux lieues plus loin ; il me fit donner un excellent cheval de ses écuries, et depuis ce jour jusqu’à ce qu’au bout de six mois je le rencontrai à la cour du Prince, ce digne tono m’écrivit fréquemment pour entretenir l’amitié qui s’était établie entre nous.

Dans les trente lieues que je parcourus ensuite pour arriver à Jedo, qui est, comme je l’ai déjà dit, la résidence du prince, je ne remarquai rien qui mérite d’être rapporté ; car, quoique les villes par où je passai fussent bien plus considérables que les bourgs que j’avais vus jusque là, et bien que l’immensité de la population du pays nous tînt dans une admiration perpétuelle, comme j’ai vu depuis autant et beaucoup plus dans ce même genre en voyageant dans cet empire, je crois devoir abréger cette partie de ma relation. Partout je fus reçu et