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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/140

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ARCHIVES HISTORIQUES.

parmi eux des Barbaresques et des espions, ayant tous le même costume et connaissant la langue arabe.

« Le vendredi 29 de muharrem, on apprend que la veille, jeudi 28, l’armée égyptienne s’est rencontrée avec l’armée française, et il n’y a pas une heure que Murad-bey a pris la fuite avec tous ceux qu’il commandait. Il n’y eut pas de bataille en règle ; seulement les deux avant-gardes se sont rencontrées pendant peu de temps. Par la volonté de Dieu, le feu prit à une voile du bâtiment de Murad-bey, gagna la poudrière, incendia le vaisseau ainsi que tout l’attirail de guerre. Les personnes qui se trouvaient là périrent, et jusqu’au capitaine Kalil-el-Cardelli qui dans l’action s’était battu courageusement, tout le monde sauta en l’air. Murad-bey, à cet aspect, fut effrayé et s’enfuit, abandonnant son camp et son artillerie ; son armée le suivit. L’infanterie remonta sur les bâtimens et revint au Caire. Cette nouvelle redoubla la terreur du peuple. Ibrahim-bey monta à cheval, se rendit à Boulaq, fit demander le pacha, les ulémas et les grands. On tint conseil, et on résolut d’élever des batteries depuis Boulaq jusqu’à Chapra. Ibrahim-bey et le pacha devaient avoir le commandement des troupes. Les ulémas qui étaient restés dans cet endroit, après s’être séparés de Murad-bey, lorsqu’il marcha au devant des Français, se réunissaient tous les jours dans la mosquée d’Asary pour lire la prière et invoquer le nom du Prophète.

« Le lundi parut Murad-bey à Embabè ; il commença à y élever des retranchemens jusqu’à Bichtil : il y resta, ainsi que tout son mode ; Ali, pa-