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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

Le 22 avril, Sidi-Mbark[1], auquel j’avais fait cadeau d’un morceau d’étoffe, pour me le rendre favorable, me dit qu’il y avait une caravane partant dans deux jours pour Tafilet, et qu’il fallait que je me tinsse prêt à l’accompagner dans le grand désert. Cette offre me contrariait beaucoup ; car je n’étais pas disposé à quitter Temboctou aussi promptement ; mais je ne perdis pas l’espoir de prolonger mon séjour dans cette ville.

Dans la soirée, j’allai voir mon hôte, à qui je racontai la proposition de Mbark ; j’ajoutai que j’étais très-fatigué de la longue route que j’avais faite à pied, pour traverser le Soudan ; que je désirais me reposer environ 15 jours à Temboctou, et qu’ensuite je serais prêt à profiter de la première caravane qui partirait. À peine avais-je témoigné ce désir, qu’il m’interrompit en me disant de l’air le plus gracieux : « Tu peux rester ici plus long-temps si tu le veux ; tu me feras plaisir, et tu ne manqueras de rien. » Je le remerciai sincèrement ; car je savais apprécier sa généreuse hospitalité. Peu après, il eut encore pour moi une nouvelle complaisance, à laquelle je fus très-sensible. Il m’avait d’abord donné une chambre que je devais habiter seul : le nègre mandingue par lequel j’avais été maltraité en route, vint, à son arrivée, s’y loger avec sa femme ; j’aurais pu patienter quelques jours ; mais leur présence me gênait extrêmement pour prendre mes

  1. Propriétaire de la pirogue qui avait amené M. Caillié à Cabra.