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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/319

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VOYAGE AU JAPON.

royale, que sous celui de la pompe et de l’apparat qui brillent en cette cour. Je crois pouvoir affirmer que, depuis la porte d’entrée jusqu’à l’appartement du prince, il y avait plus de vingt mille personnes, non pas rassemblées uniquement pour cette circonstance, mais constamment employées et soldées au service journalier de la cour.

Le mur principal qui entoure ce palais est formé entièrement d’immenses pierres de taille posées l’une sur l’autre sans ciment. Il est extrêmement large, et coupé, à distances, d’embrasures pour placer de l’artillerie qui est peu nombreuse. Au bas de ce mur est creusé un fossé très-profond rempli d’eau. On entre par un pont-levis d’une construction extrêmement ingénieuse, et que je n’ai vue employée nulle part. Les portes sont très-fortes ; dès qu’elles me furent ouvertes, je me trouvai entre deux files d’arquebusiers et de mousquetaires dont le nombre me parut être de mille hommes (je crois me rappeler que le capitaine me le dit ainsi). Cet officier me conduisit jusqu’à la seconde porte, où je vis un mur bâti en terre et en glacis. Il pouvait y avoir trois cents pas de distance d’une porte à l’autre. À l’entrée de celle-ci, je vis un bataillon de quatre cents hommes armés de piques et de lances. Je parvins à une troisième enceinte entourée d’un mur de quatre vares de hauteur (12 pieds), disposé pour recevoir des postes d’arquebusiers et de mousquetaires de distance en distance. Là, étaient environ trois cents soldats portant des hallebardes nommées manguinatas. On m’apprit que les soldats que j’avais vus dans les trois