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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/376

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ARCHIVES HISTORIQUES.

P. S. « J’ai traduit littéralement une fiction qui s’était répandue autour de nous, il y a quelques mois, et qui me semble une esquisse assez fidèle du caractère et du goût général de nos Maures riverains : « Un saint marabou du grand désert accompagnait son troisième sahlam (lisez ssalah, prière), quand il aperçut tout à coup devant lui une femme d’une stature extraordinaire. Un croissant de feu brillait sur son front ; sa longue chevelure lui servait de vêtement ; la partie gauche de son corps était noire, suivant l’axe de sa taille, et la partie droite était colorée d’une teinte rouge-brun ; des ailes de sauterelle s’échappaient de ses épaules ; enfin une de ses jambes était terminée par un pied d’outarde. – Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Que me veux-tu ? sécrie avec effroi le grave personnage. – J’ai été détachée de la droite du vrai Dieu pour faire périr les troupeaux des infidèles du Schamâmhan (le pays de Walo), et je viens achever ma mission dans le Sajell (lisez Sahhel, c’est-à-dire la côte), en frappant de mort les enfans nouveau-nés. » Cette fable est ingénieuse pour le pays, et rappelle allégoriquement les fléaux de l’année écoulée : sécheresse, épizootie, disette, et mortalité sur l’une et l’autre rive du Sénégal. »