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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/408

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ARCHIVES HISTORIQUES.

comme un corps inanimé, et sans pouvoir éviter de me heurter violemment la tête contre le sol. Tous les voleurs m’entourèrent aussitôt. — C’est un Anglais, dit l’un, en me retournant avec son pied et d’un air de triomphe : c’est un Anglais auquel nous avons donné une bonne leçon ; cela lui apprendra à faire feu. »

Un instant après on jeta hors de la voiture les corps de mes compagnons, qui tombèrent sur moi et aggravèrent les maux que j’éprouvais. Celui de R… fut placé en travers de ma poitrine, et me couvrit presque tout entier. Les brigands me quittèrent alors, et du moins je pus respirer, et porter furtivement un coup-d’œil sur ce qu’ils faisaient. Je les vis couper l’attelage, fouiller la voiture, ouvrir les malles, et briser la serrure de mon porte-manteau. Tandis qu’une partie se livrait à ces opérations, une vingtaine de leurs camarades reposaient sur l’herbe avec leurs chevaux auprès d’eux ; quelques autres, qui n’avaient pas mis pied à terre, se trouvaient à cheval, sous l’ombre des pins. Quatre de ces bandits, le sabre à la main, se promenaient devant deux arbres auxquels on avait attaché les deux femmes. La plupart étaient masqués, et tous paraissaient avoir des barbes fausses.

Enfin le pillage cessa, et quelques-uns de ceux qui étaient restés à cheval s’approchèrent de la voiture, et demandèrent si l’on devait se disperser.

— Non, répondit un des brigands qui était tout