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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/437

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VARIÉTÉS.

déblayé par les soins de quelques voyageurs, ou qui, fermé de toutes parts, au moment de la catastrophe, n’a pu donner accès aux sables qui ont recouvert l’extérieur. Quoi qu’il en soit, on reconnaît au-dedans une architecture remontant à une époque bien antérieure à celle de l’invasion des Normands dans la Grande-Bretagne.

Le silence et l’isolement qui règnent sur cette plage sont faits pour inspirer à celui qui la parcourt de mélancoliques réflexions, lorsqu’il pense que les ossemens d’une population entière sont peut-être ensevelis sous ses pieds, au milieu des monumens encore debout des arts et de la civilisation. Il est à regretter qu’on n’ait pas entrepris dans ces lieux quelques fouilles qui eussent pu être d’un grand intérêt. À défaut de ce secours, on ne peut former que des conjectures sur la destruction de cette ville, en s’en rapportant, d’ailleurs, pour ce qu’elle fut jadis, aux récits des historiens. Il paraît, d’après Maurice Regan et sir James Ware, que Bannow fut une ville assez considérable par ses richesses, sa population et son commerce. Dans les archives du comté, à Wexford, il existe encore des registres de perception d’impôts de cette commune, dont la date remonte à plus de huit cents ans, et où se trouvent des indications qui annoncent une population opulente et active.

On ne saurait préciser l’époque où Bannow fut enseveli par les sables ; mais le même phénomène qui amena sa destruction, se remarque encore de nos jours. Il existe aux environs, de grands amas de sable fin et mouvant, que le vent fait changer à chaque instant de place et de gisement. Il s’élève en petites colonnes, s’entasse autour du plus léger point qui l’arrête et lui sert de noyau, et dans un espace de temps très-court, change totalement la forme et l’aspect des lieux. Aussi, les environs de Bannow ont subi des altérations non moins sensibles que celles de la ville. Sur une carte topographique du Comté, de 1657, on remarque dans la baie et en face de la ville dont elle est sé-