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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/48

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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

gravirent la hauteur jusqu’à quelques verges de nous. Nous les tuâmes à mesure qu’ils approchaient : le salut de notre vie en dépendait. Après avoir vu quelques-uns des leurs tués de la sorte, les sauvages renoncèrent à nous approcher. Comme il ne nous restait guère de munitions, nous les ménagions le plus que nous pouvions. D’un autre côté, pour ne pas augmenter la furie déjà assez violente des naturels, nous ne tirions qu’en cas de nécessité absolue. De la position élevée que nous occupions, nous apercevions nos embarcations à l’ancre, attendant notre retour, les deux pirogues de Bow et notre bâtiment. Quant à ce dernier, nous ne comptions guère le rejoindre jamais, bien que j’eusse une lueur d’espérance que le capitaine Robson ferait un effort pour nous délivrer, en armant six soldats indiens qui étaient à bord, deux ou trois Européens, les hommes des pirogues de Bow, et en se mettant à leur tête. Cette espérance s’évanouit complétement, quand je vis les pirogues de Bow mettre à la voile et se diriger vers leur île sans passer auprès du navire.

La plaine, autour de notre position, était couverte de sauvages au nombre de plusieurs milliers qui s’étaient rassemblés de toutes les parties de la côte, et s’étaient tenus embusqués attendant notre débarquement. Cette masse d’hommes nous offrait alors un spectacle révoltant. On allumait des feux et l’on chauffait des fours pour faire rôtir les membres de nos infortunés compagnons. Leurs cadavres, ainsi que ceux des deux chefs de Bow et des hom-