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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/51

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VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

pont du navire. Pendant ce temps il y eut une suspension d’armes, qui se fût maintenue sans l’imprudence de Charles Savage. Divers chefs sauvages avaient monté et s’étaient approchés jusqu’à quelques pas de nous, avec des prosternations en signe d’amitié, nous promettant toute sûreté pour nos personnes, si nous consentions à descendre parmi eux. Je ne voulus pas me fier à ces promesses, ni laisser aller aucun de mes hommes. Cependant je finis par céder aux importunités de Charles Savage. Il avait résidé dans ces îles pendant plus de cinq ans et en parlait couramment la langue. Persuadé qu’il nous tirerait d’embarras, il me pria instamment de lui permettre d’aller au milieu des naturels avec les chefs à qui nous parlions, parce qu’il ne doutait pas qu’ils ne tinssent leurs promesses, et que, si je le laissais aller, il rétablirait certainement la paix et nous pourrions retourner tous sains et saufs à bord de notre navire. Je lui donnai donc mon consentement ; mais je lui rappelai que cette démarche était contraire à mon opinion, et j’exigeai qu’il me laissât son fusil et ses munitions. Il partit et s’avança jusqu’à environ deux cents verges de notre poste. Là, il trouva Bonassar assis et entouré de ses chefs qui témoignèrent de la joie de le voir parmi eux, mais qui étaient secrètement résolus à le tuer et à le manger. Cependant ils s’entretinrent avec lui pendant quelque temps d’un air amical, puis ils me crièrent dans leur langage : « Descends, Peter, nous ne te ferons pas de mal ; tu vois que nous n’en faisons point à Charley ! » Je répondis que je ne descen-