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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/56

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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

l’idée de faire prisonnier le prêtre et de le tuer ou d’obtenir ma liberté en échange de la sienne. J’attachai le fusil de Charles Savage à ma ceinture avec ma cravate, et cela fait, je présentai le bout du mien devant le visage du prêtre, lui déclarant que je le tuerais s’il cherchait à s’enfuir ou si quelqu’un des siens faisait le moindre mouvement pour nous attaquer, mes compagnons et moi, ou nous arrêter dans notre retraite. Je lui ordonnai alors de marcher en droite ligne vers nos embarcations, le menaçant d’une mort immédiate s’il n’obéissait pas. Il obéit, et, en traversant la foule des sauvages, il les exhorta à s’asseoir et à ne faire aucun mal à Peter ni à ses compagnons, parce que, s’ils nous assaillaient, nous le tuerions, et qu’alors il attirerait sur eux la colère des dieux assis dans les nuages, qui, irrités de leur désobéissance, soulèveraient la mer pour engloutir l’île et tous ses habitans.

Ces barbares témoignèrent le plus profond respect pour les exhortations de leur prêtre, et s’assirent sur l’herbe. Le nambeaty (nom qu’ils donnent à leurs prêtres) se dirigea, comme je le lui avais ordonné, du côté de nos embarcations. Bushart et Wilson avaient le bout de leur fusil placé de chaque côté à la hauteur de ses tempes, et j’appuyais le mien entre ses deux épaules pour presser sa marche. L’approche de la nuit, et le désir si naturel de prolonger ma vie, m’avait fait recourir à cet expédient, connaissant le pouvoir que les prêtres exercent sur l’esprit de toutes les nations barbares.

En arrivant auprès des embarcations, le