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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

ces marchands avaient de l’or, auquel ils attachaient le plus grand prix, et qu’ils n’échangeaient que contre les articles de la plus haute valeur. Tous portaient une petite balance faite dans le pays. Les graines d’un arbre dont j’ai oublié le nom servent de poids. Elles sont noires et assez lourdes. Un morceau d’or, dont le poids est égal à deux de ces graines, vaut six francs. Mon guide me dit en grand secret, que les marchands qui ont de l’or, le cachent dans des grigris couverts d’une peau tannée, et qu’ils suspendent à leur cou avec une courroie de cuir.

» Le 5 juillet, j’assistai à la fête du Salam, célébrée avec beaucoup de pompe, par tous les musulmans, et qui eut lieu dans une grande plaine. En traversant les rues, je vis plusieurs vieillards portant de petits manteaux rouges, bordés en coton jaune, pour imiter un gallon d’or. Ils s’avançaient en chantant : Allah akbar, la illa il-Allah[1], cris répétés par la foule qui s’accroissait à chaque instant sur leurs pas. Ils tenaient des lances à leur main droite, et portaient des bonnets rouges. En arrivant dans la plaine, j’aperçus une grande variété de costumes. Celui du pays dominait, mais quelques individus portaient des uniformes rouges anglais, qu’ils s’étaient procurés à Sierra-Léoné ou à Gambie ; d’autres avaient des chapeaux et des habillemens européens, de diverses formes et couleurs, et on devinait aisément

  1. Dieu est grand : il n’y a de Dieu que Dieu.