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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/91

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VOYAGE À TEMBOCTOU.

été bien fâchés de lui causer le moindre désagrément.

» Cette tolérance peut être attribuée au séjour que font à Temboctou des Maures de Tripoli, Alger et Maroc, qui, habitués à voir des chrétiens dans leur pays, sont moins susceptibles de blâmer nos usages et nos mœurs. Ainsi, Sidi-Abdallahi, qui venait de Tatta, ville voisine du cap Mogador, n’était point l’ennemi des chrétiens. On ne doit donc point s’étonner que le major pût librement parcourir la ville, et même entrer dans les mosquées. Après qu’il eut acquis des connaissances suffisantes sur Temboctou, il voulut à ce qu’il paraît visiter Cabra et Dhioliba. Mais s’il fut parti pendant le jour, il aurait couru les plus grands dangers de la part des Touariks qui résident continuellement autour de Temboctou, et dont il connaissait déjà les mœurs. Il se décida donc à partir de nuit. C’était agir sagement : car les Touariks ne pouvant l’atteindre dans la ville, devaient chercher à assouvir leur vengeance sur lui, s’ils pouvaient le tenir hors de l’enceinte de Temboctou.

« Profitant d’une nuit fort obscure, le major monta à cheval, et sans être suivi de personne, arriva sans danger à Cabra, et même, dit-on, sur les bords du Dhioliba. De retour à Temboctou, il témoigna le désir, au lieu de se rendre en Europe par le désert, de voyager par Jenné et Ségo, remontant le Dhioliba, pour arriver aux établissemens français du Sénégal ; mais à peine eut-il communiqué ce projet aux Foulahs établis sur les bords