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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 3.djvu/196

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VOYAGES.

quelque sorte de substitut. Il est très-versé dans le Coran ; il s’est beaucoup occupé de commerce, et emploie les caractères arabes pour écrire en mandingue toutes ses affaires. Souvent il me racontait des histoires de patriarches que j’avais lues dans l’ancien Testament ; il me donnait aussi pour des vérités des récits dans le genre des contes arabes ; il m’entretenait, entr’autres choses, du roc, oiseau qui enlève des éléphans, et des génies qui vivent sous l’eau. Notre conversation se faisait en anglais.

Ainsi que je l’ai déjà dit, on rencontre ici beaucoup de ressources. On peut s’y procurer, et à peu de frais, une nourriture abondante et variée ; on y trouverait facilement des charpentiers, des forgerons et des matelots, ces derniers parmi les Sousous libres qui ont navigué avec les Anglais. Comme en nous établissant nous empêcherions l’exportation des nègres, les charpentiers et les forgerons resteraient ; d’ailleurs ces ouvriers, quoique esclaves, ne seraient jamais vendus, dans l’état actuel des choses : un propriétaire ne peut pas se défaire, sans risque, de ses captifs de case ; aussitôt qu’ils lui en soupçonnent l’intention, ils désertent tous, et ne reviennent que quand le navire suspect est parti.

Je voudrais d’abord voir éloigner du pays le peu d’Européens et de mulâtres qui y sont établis ; ces gens sont pour la plupart des scélérats qui pervertissent les nègres : pour arriver à ce but il n’y aurait qu’à dire aux nègres que dorénavant nous