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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 3.djvu/201

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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

nière favorable dont elle et le jeune garçon parleraient de moi devait m’assurer la bienveillance du roi ; du moins j’aurais employé les bons traitemens pour m’assurer l’affection de mes deux compagnons de voyage. Avec un présent j’espérais encore passer ; au moins j’avais les probabilités en ma faveur.

Je pensais aussi que Yorédi me recevrait bien ; je me proposais d’associer à mon voyage un nommé Souleiman, dont je vais raconter l’histoire, pour faire comprendre de quelle utilité il pouvait m’être. La sœur de Yorédi, enlevée dans un pillage, fut vendue à un Européen, qui en fit sa femme ; l’Européen mort, un mandingue l’épousa et en eut Souleiman, qui est ainsi le neveu de Yorédi ; ce roi, ayant fait demander son neveu, le père de celui-ci le voyant trop jeune, craignit que Souleiman n’abandonnât la religion de Mahomet, et ne voulût pas le laisser partir. En 1829, Souleiman avait à peu près vingt à vingt-deux ans ; il était très-avancé dans la connaissance du Coran ; le père, ne trouvant plus les mêmes inconvéniens à l’envoyer auprès de son oncle, me dit qu’il le laisserait aller avec moi. Souleiman m’aurait été de la plus grande utilité ; il parle bien l’anglais, le sousou, le mandingue et le foulah, et ayant été plusieurs années commis à Sierra-Léone, il se trouve en état de bien comprendre un Européen. J’aurais fait un présent à Yorédi, je lui aurais promis sûreté pour ses gens lorsqu’ils se rendraient sur notre établissement ; je lui aurais représenté qu’avec nous le sys-