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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 3.djvu/370

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HISTOIRE MODERNE.

que l’a remarqué un écrivain distingué, est-elle appelée à déplacer le sceptre des mers. D’ici à une époque éloignée cependant nous ne la croyons pas tentée de la manie des conquêtes. Une nation dont le territoire peut nourrir plus de 120 millions d’habitans n’en a pas besoin, il ne lui faut que des hommes. Mais unie à la France par des liens étroits et par sympathie, elle peut contribuer puissamment à réprimer des empiétemens également dangereux, soit qu’ils partent de l’Angleterre ou de la Russie. Non moins que tout cela, l’équité et la loyauté de notre nouveau gouvernement, et la sollicitude qu’il porte au commerce, le décideront, il faut l’espérer, à s’occuper de ces fâcheux débats, et à réparer des torts trop réels. Il ne peut oublier, au moment où il va ouvrir de nouvelles routes à notre commerce en reconnaissant l’Amérique du Sud, que l’Amérique du Nord offre un immense débouché à nos soieries, nos tissus, nos huiles, nos vins, nos eaux-de-vie. Elle nous donne en échange des bois de construction, du coton et d’autres matières premières que nous lui reportons fabriquées, car tant que le prix de la main d’œuvre y sera si élevé, et les terres à si bon marché, l’Union sera tributaire de nos manufactures. Elle ne demande pas mieux que de s’y fournir, ne la forçons pas d’aller ailleurs. Le dernier rapport du ministre de la trésorerie au roi sur l’administration des finances prouve que le commerce de la France avec les États-Unis est plus étendu qu’avec tout autre pays (l’Angleterre exceptée), et donne une balance an-