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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/100

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HISTOIRE MODERNE.

avait acheté d’un roi de ce pays l’île de Barella, venait d’y expédier, en 1657, un de ses navires avec une riche cargaison. Les agens de la Compagnie se saisirent du vaisseau, des marchandises et de l’île de Barella même. Afin de retarder le plus long-temps possible les réclamations qu’ils pensaient bien que Skinner ne manquerait pas de faire lors de son retour en Angleterre, ils lui refusèrent le passage sur leurs bâtimens, et il fut obligé de prendre la longue route de terre pour se rendre en Europe. Après d’innombrables traverses, il y revint enfin, et adressa ses plaintes au gouvernement. L’affaire fut d’abord portée devant un comité du conseil, et de là renvoyée à la chambre des pairs.

Quand la Compagnie reçut l’ordre de répondre à la plainte, elle refusa d’abord de reconnaître la juridiction de la chambre haute, sous le prétexte qu’elle n’était qu’une chambre d’appel, et par conséquent incompétente pour juger une cause en premier ressort. Cette fin de non-recevoir fut rejetée. La Compagnie en appela alors à la chambre des communes. Les lords indignés procédèrent au jugement et accordèrent au pétitionnaire 5,000 liv. st. en dédommagement. Les communes irritées à leur tour, et ne pouvant faire éprouver à la chambre haute les effets de leur colère, la firent retomber sur la malheureuse victime qui avait déjà tant souffert. Thomas Skinner fut envoyé prisonnier à la Tour. Les lords, poussés à bout par ces procédés, déclarèrent que la pétition adressée par la Compagnie à la chambre des communes était mensongère et scandaleuse.