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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/118

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HISTOIRE MODERNE.

de ne point recevoir de solde, cependant le gouvernement la paie, ou au moins une portion à leurs chefs ; ceux-ci la retiennent à leur profit, et il faut bien que les soldats qui n’ont pas de quoi vivre courent de côté et d’autre pour s’en procurer. S’ils recevaient leur solde, il est très-probable qu’ils ne quitteraient pas leur corps ; car ils ne trouvent plus à piller comme auparavant, d’abord parce que le pays est trop dévasté pour qu’il y ait encore quelque chose à prendre, ensuite parce que l’administration n’est plus complice des désordres et s’y oppose. Ils ne se répandent plus en Morée, et on voit tout au plus quelques palikares aux environs de Corynthe ou d’Argos ; les Turcs leur interdisent l’entrée de l’Attique ; ils sont donc réduits aux environs déjà ravagés de Mégare, Lepsina et Coulouri. La somme qui doit fournir à leur entretien en armes, munitions et vêtemens, et les vivres que l’administration distribue, suffiraient à leurs besoins. Mais lorsque la solde manque, le peu de vivres qu’on leur accorde n’est pas un attrait assez puissant pour les retenir sous les drapeaux. C’est un spectacle curieux que de voir les préparatifs des revues qui se font de temps en temps. Alors tout ce qu’il y a d’hommes capables de porter un fusil dans les environs, à Coulouri, à Corynthe, à Égine, à Épidaure, etc., etc., part en masse pour le camp, afin de faire nombre à la revue. Leur course leur est payée, et quand ils ont fait acte de présence, ils repartent de nouveau, et rentrent chez eux attendre la prochaine revue. Ces désor-