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VOYAGES.


No II.


Monsieur,

Je n’étais pas de garde hier, je me suis hâté de profiter d’un moment de liberté pour descendre à terre. En débarquant, je fus étonné de me trouver si près de la promenade publique, masquée par les maisons qui donnent sur la mer. Cette promenade est une longue allée d’arbres tamarins fort beaux. Les maisons qui la bordent de chaque côté ont encore une belle apparence. Plusieurs viennent d’être reconstruites. Les magasins sont en grand nombre et comme en Espagne, les pharmacies sont magnifiques, comparées aux autres boutiques.

L’aspect de la Basse-Terre doit frapper les étrangers qui la voient pour la première fois. Ces constructions, différant de celles de nos édifices, cette population de mulâtres et de noirs, ces femmes vêtues de longues robes d’étoffes bigarrées, ces enfans entièrement nus, tout est empreint d’un caractère bizarre et étranger.

Les nègres m’ont paru bien portans, gais, fortement constitués, seulement ils ont les extrémités inférieures un peu grêles, leur gaieté m’étonne : je ne conçois pas comment des gens vivant dans l’esclavage peuvent paraître aussi contens de leur sort.

Je suivis la première rue qui s’offrit à moi, et