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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/310

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VOYAGES.

d’inconvéniens, de jouissances, de privations, d’agrémens, de scènes romantiques et de contrastes, que dans un voyage à l’île de Cuba. Celui qui s’embarque, comme M. Abbot, dans un port de l’Amérique septentrionale au mois de février, quitte alors un sol glacé, une côte couverte de neiges amoncelées. L’élément sur lequel il s’élance est encore moins hospitalier que la terre qu’il voit fuir derrière lui. Les vents à cette époque sont violens et froids. Il aura de la peine à s’envelopper de vêtemens suffisans pour se mettre à l’abri de la sévère influence du climat. Le premier jour se passera en désappointemens divers. Dans ses migrations fréquentes de la cabine au pont du navire, et du pont à la cabine, il marchera d’abord d’un pas mal assuré, il fera quelques tentatives pour lier conversation avec le capitaine ou les officiers du vaisseau ; bientôt il rompra le dernier lien qui l’unit au continent, en faisant ses adieux au pilote qui retourne au port ; il suit de ses regards cette terre qui n’est plus qu’un point dans l’éloignement, et qui lui devient plus chère par la distance même qui l’en sépare. Le rivage disparaît enfin sous l’horizon ; des souvenirs du passé, des anticipations sur un avenir incertain se pressent alors en foule dans l’âme du voyageur, et paraissent, pour ainsi dire, jeter un isthme entre deux existences diverses. Il ne sera pas aussi frappé de la transition pendant le jour ; il éprouvera bien mieux pendant la nuit la différence qu’il y a entre le terrain solide, inébran-