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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/316

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VOYAGES.

nègres, chacune entourée de son jardin, paraissent prêtes à se plonger dans la mer, tant elles s’approchent de ses bords : sur la gauche, la côte plus élevée est en plusieurs endroits coupée par des ravines profondes, et quelques jolies habitations d’une blancheur éblouissante s’y montrent de loin en loin. Dans le fond de la baie, qui est d’une médiocre étendue, on voit la ville de Matanzas même, avec ses maisons entassées sans ordre ni symétrie. Les deux bâtimens qui seuls se distinguent dans cette masse, sont la douane, édifice en pierre sur la grande place de la ville, orné de portiques et entouré d’une haute colonnade, et une maison blanche en bois qui se trouve près d’une autre place plus à l’ouest. Dans l’atmosphère pure et transparente de cette contrée, où tous les objets paraissent se revêtir de couleurs brillantes, le paysage borné au loin par des collines, ces arbres et ces végétaux d’espèces inconnues, l’éclat des maisons bien peintes, parsemées le long de la côte ; ces vaisseaux qui partent ou qui arrivent à chaque instant ; les chants des matelots, et particulièrement ceux des navires de la Virginie, qui prennent ou déchargent leurs cargaisons en répétant en chœur des airs joyeux ; la foule de bateaux qui se croisent en tous sens, conduits par des nègres ou par de graves Espagnols à longues et noires moustaches, couverts de chapeaux de paille, les uns en haillons, les autres en vêtemens fantastiques, et quelques-uns à peu près sans vêtemens quelconques ; les cris et le bruit de ce petit port