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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/320

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VOYAGES.

même. Mais nous fûmes bientôt retardés dans notre marche par la nécessité de tourner autour d’une hauteur rocailleuse que la nature a fait surgir du fond de l’eau, et qui me parut avoir de soixante-quinze à cent pieds d’élévation. La pente en était rapide en quelques endroits, et à peu près perpendiculaire en d’autres. Mais n’imaginez pas que ces sommets sourcilleux soient d’une nudité majestueuse, ou noircis par le soleil brûlant du tropique. À quelques pieds de l’eau, et jusqu’aux points les plus élevés, ces tertres immenses étaient couverts de la plus riche végétation. Des buissons, des arbres de diverses espèces, un brillant feuillage, des fleurs de toutes couleurs, et pas une seule plante qui ne me fût inconnue, frappaient nos regards. Plusieurs arbres étaient d’une rare beauté. Le mango rouge s’élève à une grande hauteur et se couronne de branches touffues, couvertes de fleurs roses, et en aussi grand nombre que celles du pommier de la Nouvelle-Angleterre, aux premiers jours du printemps. Le mahawa, qui ressemble assez au catalpa par la tige et le feuillage, a aussi une abondance de fleurs, rouges sur quelques arbres, jaunes sur d’autres ; et ce qui me parut une singulière anomalie, c’est que plusieurs plants portaient sur la même tige des fleurs de ces deux couleurs, toutes aussi vives que disparates, quoique ces arbres n’eussent jamais reçu de greffes. Dans les crevasses des rochers, on découvrait souvent des essaims d’abeilles qui y avaient établi leurs ruches natu-