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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/324

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VOYAGES.

fondées dans les bifurcations des grosses branches : là ils forment des populations innombrables. Cet insecte est de la grandeur d’une mouche commune ; il se construit des chemins couverts avec un mortier qui lui est propre, et comme il établit ainsi plusieurs routes à l’usage de la communauté, il est probable qu’il y en a pour ceux qui montent, et d’autres pour ceux qui descendent le long du tronc, afin que les voyageurs ne soient pas retardés dans leur marche. Au reste, cet insecte est entièrement inoffensif ; ses nids populeux sont souvent portés dans les basses-cours, où j’ai vu les volailles par centaines en faire avidement leur pâture.

» Il est un autre insecte dont il faut aussi faire mention, et qui est devenu l’ennemi le plus incommode des planteurs ; c’est la bibiagua, petite fourmi à moitié aussi grande que nos fourmis noires communes. Ces animaux, pris individuellement, ne sauraient nuire ; mais leur agrégation devient formidable par la réunion de toutes les forces sociales. J’ai assisté, sur la plantation de Santa-Anna, aux tentatives faites pour déterrer et exterminer une de ces tribus hostiles. L’habitation du propriétaire était entourée d’une belle haie de campeachy, jeune et fleurie. M. S… découvrit un matin les traces des déprédations nocturnes de l’ennemi ; des feuilles étaient semées le long de son passage, et sur une largeur de dix à douze pieds ; la haie était entièrement dépouillée de fleurs et de feuilles. On suivit la trace des maraudeurs plusieurs toises sur terre,