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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/336

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VOYAGES.

donne, il est vrai, l’emprisonnement des témoins d’un meurtre, jusqu’à ce que la cause soit jugée ; mais cette jurisprudence facilite l’impunité : dès qu’un crime se commet, tous ceux que le hasard en rend témoins s’enfuient au plus vite pour n’être point compromis, et le coupable échappe à la vindicte publique, faute de preuves.

Nous ne reproduirons pas ici les longues digressions que fait à ce sujet le docteur Abbot sur la religion catholique, et son influence sur les mœurs et le caractère des peuples. Il est assez naturel qu’un ministre protestant soit convaincu de l’excellence de son culte ; mais il y a quelque chose de puéril dans son étonnement perpétuel, dans ses exclamations, et dans sa réprobation générale de tout ce qu’il observe. Un homme instruit, comme il paraît l’être, devait s’attendre à rencontrer presque tout ce qui l’affecte si vivement. Nous ne saurions cependant trop le blâmer quand il censure amèrement la conduite de quelques membres du clergé, qui, selon lui, remettent l’heure de la messe pour assister à l’issue du combat de deux coqs, ou qui, après avoir officié le matin à l’église, passent le reste du jour au billard, et entretiennent même des liaisons coupables dans leurs propres maisons. Ce dernier cas, dit M. Abbot, est des plus communs.

Le sort des esclaves à Cuba est plus dur, ajoute-t-il, que dans les États-Unis. On exige des nègres, dans l’île espagnole, un tiers de travail journalier de plus que dans la Caroline du Sud et