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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/339

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ÎLE DE CUBA.

y a de certain, c’est que le goût de l’arguadente est ainsi entretenu chez les vieux esclaves, et inspiré aux jeunes ; il faut ensuite, pour le réprimer, avoir recours à des châtimens dont la douleur outrepasse de beaucoup les jouissances accordées par quelques faibles distributions.

» Je serais certainement le dernier des hommes qui voudrait diminuer le peu de soulagemens procurés à la misère de ces infortunés ; mais je suis convaincu que le plus grand des bienfaits qui puisse leur être accordé, est de leur interdire les spiritueux en toute saison et en toutes circonstances… Sur trois plantations contiguës et composées chacune de plus de quatre cents esclaves, ce moyen a été tenté avec le plus grand succès. Non-seulement on punit l’ivresse, mais le seul acte de boire de l’eau-de-vie. Il y a une méthode certaine de découvrir le buveur, quelque sobre qu’il soit ; son haleine suffit pour le trahir. En vain plusieurs moyens ont été tentés pour se soustraire à la preuve qu’elle fournit, tels qu’infusions d’herbes fortes et odorantes dans les boissons ordinaires, etc. ; le nez infaillible de l’administrateur ou magoral ne s’y laisse point prendre, et l’inévitable correction qui suit la violation de la défense rend maintenant les transgressions très-rares. Ce n’est qu’après avoir acquis la certitude que la mauvaise santé, la mort prématurée de plusieurs nègres, les querelles et les vengeances sanglantes qui se portaient parfois jusqu’au meurtre des femmes et des enfans, étaient dus à l’eau-de-vie, que les propriétaires ont pris la