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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/341

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ÎLE DE CUBA.

à mille milles dans l’intérieur. Son journal, car c’est ainsi qu’on peut considérer la série de ses lettres, contient des détails aussi instructifs qu’agréables. Il évalue la population blanche de Cuba à 259,100 et quelques âmes, la population noire libre ou de sang mêlé à 154,000, et les esclaves à 225,000, ce qui forme un total de 638,000 et quelques centaines d’âmes. M. de Humboldt la porte un peu plus haut, ou à 715,000. Aucun dénombrement exact n’a encore été exécuté. Le docteur Abbot revient souvent sur un fait d’une grande importance pour la sécurité des individus comme des propriétés, la stabilité des lois, et la tranquillité de l’île, c’est l’existence d’un nombre considérable de petits cultivateurs ou moyens propriétaires, connus sous la dénomination de montaneros. Ils forment une espèce de milice répandue sur tous les points de l’île, et se trouvent ainsi en état d’étouffer sur-le-champ toute révolte des esclaves. Au reste, l’auteur ajoute qu’il n’a point voulu prodiguer dans ses lettres les réflexions politiques sur l’état actuel ou l’avenir présumable de Cuba, mais il croit que ses habitans sont appelés à de hautes destinées. Ils sont riches de 6,800 lieues carrées d’un sol fertile ; comparés aux habitans des autres îles où l’esclavage est encore en vigueur, ils sont bien autrement forts d’une population libre, d’une nombreuse milice bien armée et bien montée. S’ils restent à l’abri de toute oppression, la population mixte deviendra de plus en plus homogène et animée de patriotisme. Le temps