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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/351

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LETTRES SUR LA GUADELOUPE.

Sans doute des entrepreneurs de canaux, de routes, méritent d’être encouragés ; mais ils spéculent à coup sûr, et ni leur fortune ni leur personne ne sont en danger.

Les colons, au contraire, ont toutes les chances contre eux. Ils sont exposés à toutes les calamités qui détruisent ou rendent leurs propriétés sans valeur. Ils ont toujours à craindre la guerre, les révoltes, les ouragans, les pénuries ; sans sûreté pour leurs familles, sans garantie de la conservation de leurs biens, ne devraient-ils pas regretter de s’être expatriés pour venir habiter un pays où le fruit de leurs travaux et de leurs sacrifices peut d’un instant à l’autre être perdu, où de mauvaises inspirations données à leurs esclaves peuvent en faire leurs assassins. Ces malheureux colons ont été encore plus victimes de la révolution qu’aucun propriétaire de France, et à leur retour de l’émigration, ils n’ont trouvé sur leurs habitations que des ruines et des cendres. C’est à force de dépenses et de labeurs qu’ils avaient réussi en partie à réparer leurs pertes, mais de nouvelles calamités viennent s’appesantir sur eux. Au mois de septembre 1824, un coup de vent ravage leurs plantations ; au mois de juillet 1825, un ouragan, le plus terrible qu’on ait éprouvé dans les Antilles, anéantit leurs établissemens et leur ville, et c’est alors que la reconnaissance de Saint-Domingue leur parvient, et les plonge dans la plus sombre inquiétude.

Mais j’aperçois l’habitation de M. V***. Que dites-vous de ce point de vue ?