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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/431

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PERSÉCUTION DE LA FAMILLE DES DOUZ-OGLOU.

couler le temps entre un douloureux passé et un prochain avenir, que la marche des événemens va sans doute rendre redoutable aux chrétiens de l’Orient.

Mais je reviens à l’objet principal de cette lettre, après m’être laissé aller aux inspirations de mon cœur, pour vous faire partager les sentimens qui m’attachent à cette intéressante et respectable maison. Le dernier ouvrage qui a été publié sous les auspices et par les soins éclairés de M. Jacques Douz-Oglou, celui dont il vous est fait hommage par mon intermédiaire, est un lexique persan, expliqué en arménien et en turc, et précédé d’une grammaire de la composition de M. Jacques Douz-Oglou lui-même, qui a revu et corrigé le manuscrit original de ce dictionnaire dont il était possesseur, tandis qu’une jeune dame (Skouhi-Doudou), sœur de mon honorable ami, surveillait les travaux de l’impression et en corrigeait les épreuves. On y a joint la nomenclature de quatre cent trente-cinq mots, d’origine commune, qui sont encore en usage dans la langue persane, dans l’arménien littéral et dans la langue vulgaire. Ces renseignemens, Messieurs, ajouteront peut-être quelque prix à un ouvrage qui sera d’ailleurs toujours rare en chrétienté, et dont il n’a été imprimé que cinq cents exemplaires. Trois seulement existent en France aujourd’hui : l’un qui va être déposé dans vos archives, l’autre dans la Bibliothèque du roi, conformément au vœu de M. Jacques Douz-Oglou, et le troisième enfin que je conserverai toute ma vie, comme le témoignage d’une amitié réciproque que l’adversité a trouvée inaltérable des deux côtés.

J’ose donc me flatter, Messieurs, que vous ne rejetterez pas l’hommage que je vous fais de la part de mon ami, et que vous voudrez bien, à votre tour, me confier le soin de lui rendre compte de l’accueil qu’aura reçu de votre savante réunion ce présent littéraire, sorti d’une contrée devenue aujourd’hui plus que jamais l’objet d’une sollicitude universelle. Je m’estimerai heureux d’avoir à remplir un devoir si doux, et de témoigner à cette noble famille l’impression