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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/438

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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

trône royal. Les colonnes rendent par la percussion un son clair et retentissant, et vers l’extrémité de la salle, deviennent si nombreuses, si confusément mêlées, qu’il est impossible d’avancer. Un long corridor, bordé de chaque côté par de minces piliers assez semblables aux tuyaux d’un orgue ou aux barreaux très-rapprochés d’une fenêtre grillée, nous ramena dans la grande salle. Nous avancions lentement, car à chaque pas des merveilles nouvelles se présentaient à mes regards, et surpassaient tout ce que la plus riche imagination pourrait concevoir. On eût dit que la nature avait pris à tâche d’imiter les genres les plus opposés du travail de l’homme. Ici, c’était une ottomane dont les coussins onduleux semblaient devoir céder à la pression de la main. Des dissolutions métalliques les avaient colorés du plus beau pourpre, et ce n’était point sans peine qu’on se rendait à la réalité, en s’assurant par le toucher de la froideur, de la dureté de la pierre. Plus loin étaient des fonts baptismaux, dont la forme élégante eût fait honneur au goût d’un sculpteur, quoique le hasard en eût seul disposé. Je remarquai dans une petite pièce basse, encombrée de stalactites des formes les plus bizarres, un piédestal portant un buste de vieillard. Je crus, pour cette fois, que quelque visiteur de la grotte s’était plu à aider au moins au travail de la nature, mais mes guides m’assurèrent positivement le contraire. Ils me firent remarquer une autre stalactite dont l’ombre, projetée sur le mur en face, retrace parfaitement une femme tenant un enfant dans ses bras, et que, pour cette raison on appelle la Sainte-Vierge.

Nous passâmes ensuite dans le tanz saal (salle de bal), pièce plus vaste que toutes celles que nous avions parcourues jusqu’alors, et qui, d’après l’évaluation que je fis sur les lieux, n’a pas moins de cent cinquante pieds de long, cent vingt de large, et de quatre-vingt à quatre-vingt-dix de hauteur. Cette voûte majestueuse est supportée par une seule colonne qui s’élève du milieu de la salle, et aux deux tiers à peu près de sa hauteur se développe et se ramifie en