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VOYAGES.

resserrées, construites et couvertes tout-à-fait comme dans leur pays natal. Les rues sont droites, mais étroites ; la principale est coupée vers le milieu par la rivière de Tangarany, la plus belle et la plus large de Batavia. La population chinoise, déjà très-considérable, paraît l’être encore davantage par le peu d’espace qu’elle occupe. En se promenant dans leur quartier, on croit voir une fourmilière à l’ouvrage.

Les Malais et les Javanais sont presque tous domestiques des propriétaires. Ceux dont l’âme plus élevée a préféré s’occuper d’agriculture ont construit leurs cabanes de bambous au milieu des vastes plaines qui entourent la ville, et y cultivent avec succès le riz et quelques légumes. Le reste des terres est réservé aux herbes dont on nourrit les chevaux.

Le besoin de conserver la haute considération, la prépondérance et la soumission craintive que les Européens ont inspirées à ces diverses nations, leur fait regarder comme au-dessous de leur dignité tout travail manuel. Le commerce est donc devenu leur seule ressource pour acquérir de la fortune ; il faut avouer qu’ils ont su l’exploiter d’une manière bien habile. Aussi rien ne peut surpasser le luxe qu’ils déploient dans leurs logemens, leurs équipages. De nombreux domestiques richement vêtus, de vastes écuries remplies des plus beaux chevaux, que leur fournissent les montagnes de Java et l’île de Byma, leurs tables somptueusement servies, enfin toutes les jouis-