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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/247

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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

transmissible et contagieuse, son séjour et sa stagnation pendant plusieurs années consécutives dans le gouvernement d’Orembourg et vers l’embouchure du Volga établissent sa tendance à se naturaliser en Russie : d’un autre côté, l’irruption générale et envahissante qui a eu lieu vers le printemps de l’année dernière démontre sa propriété expansive sur les différentes populations de l’Europe, sous quelque condition de climat, de latitude et de localité qu’elles se trouvent.

Affectant plus spécialement le peuple et toutes les classes indigentes de la société, il est naturel de voir dans les conditions relatives au genre de vie, aux occupations, aux habitudes de propreté, aux différences qui résultent de l’abondance ou des privations, les causes qui favorisent ou empêchent son invasion chez les individus.

L’observation médicale appliquée à l’organisation physique de la classe inférieure en Russie a signalé l’existence d’un fait qui doit trouver ici sa place. Inerte et apathique, le paysan russe aux prises avec la maladie se trouve dès son début, accablé et comme anéanti par elle : il cherche vainement dans sa constitution une force active de résistance, de sorte que, quoique plus robuste en apparence, sa nature est moins vivace que celle des habitans d’autres pays où le système nerveux est plus développé.

La principale cause de cette atonie remarquable doit être attribuée à l’usage immodéré des boissons fortes et des liqueurs. Or ces liqueurs n’étant autre chose que de l’alcool de grains, substance extrêmement diffusible, amènent presque instantanément un état complet d’ivresse qui n’est point accompagné de ces effets toniques produits sur l’organisation par le vin ou les esprits qui en proviennent, mais dont la terrible conséquence est à la fois l’abrutissement moral et une sorte de léthargie physique.

De là résulte pour le peuple, en Russie, une plus grande tendance à contracter les maladies du genre du choléra-morbus, et à les ressentir dans une plus grande intensité.

Ces considérations préliminaires, déduites des faits géné-