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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/448

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LITTÉRATURE.

Le bonheur lui avait causé une violente convulsion, mais le grand air avait suffi pour le guérir.

Bientôt et par degrés sa grâce, son amabilité dissipèrent l’impression fâcheuse qu’avait produite cet incident bizarre ; et il acheva de le faire oublier par des plaisanteries douces, qui se changèrent en propos tendres, en protestations passionnées.

Le lendemain, au point du jour, Sidney se rendit chez Paul, qui descendait de voiture, eut un long entretien avec lui, le quitta et alla le rejoindre, une heure après, hors de la ville, armé de pistolets, accompagné de deux témoins et de ses domestiques.

Du premier coup, sir Edward tomba. Une balle lui avait cassé la jambe gauche, cette jambe déjà frappée d’une blessure. Les témoins la virent repliée sous lui, à la hauteur du genou, le talon en avant.

Paul prit la fuite, et les témoins s’empressèrent autour du colonel ; mais il s’enveloppa de son manteau, refusa obstinément leur aide, et se fit transporter par ses gens dans une voiture qui l’attendait à quelques pas.

Un courrier fut dépêché pour Londres, durant la nuit, par le colonel, et dès qu’il fut de retour, on s’émerveilla de voir l’Anglais quitter le lit, et se rendre chez le père de Tréa, sans boiter plus qu’il ne boitait avant son duel.

À quinze jours de là se fit le mariage de sir Edward Sidney, colonel et baronnet, avec mademoiselle Tréa Vandermondt.

Les nouveaux époux partirent aussitôt pour Londres, au grand regret des oisifs et des médisans de Dunkerque, sorte de gens qui affluent dans les petites villes, et pour lesquels le commérage est la plus grande jouissance qu’il y ait sur la terre, j’en excepte pourtant le plaisir de répandre une calomnie.

Depuis un an, Tréa était la femme de sir Edward. Pour porter ce nom, pour être à lui, elle avait tout sacrifié, jusqu’à sa propre conscience et sa foi donnée à un autre ; tout