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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/231

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REVUE. — CHRONIQUE.

pas tellement décisives qu’on puisse dire d’avance si les tories ou les whigs auront en définitive la majorité ; il arrive en cette circonstance ce qui se passe dans toutes les choses de parti : les deux camps s’attribuent des voix, se donnent des candidats. C’est au parlement qu’il faudra les voir à l’œuvre. Des hommes bien au fait des combinaisons électorales de l’Angleterre divisaient à peu près de la manière suivante le résultat des nouvelles élections :


Radicaux purs, partisans du parlement triennal, du vote secret et des opinions des dissenters.
100 à 120 voix.
Whigs francs et penchant pour le radicalisme.
80 à 100
Whigs du ministère Melbourne, maintenant de l’opposition.
60
Parti Stanley, de l’ancienne fraction Canning.
100 à 120
Tories modérés de M. Peel.
120
Tories plus nuancés dans le sens du duc de Wellington.
80
Tories purs.
50 à 60


D’après ce calcul qui nous paraît assez exact, le ministère Peel se trouverait aux mains du parti Stanley, maître de donner ou de refuser la majorité ; car selon que ce parti se portera du côté des tories ou du côté de lord Melbourne, la force y passera également. Il ne faut pas se faire d’illusion en politique : il est évident que la nuance Stanley, qu’on pourrait comparer en France au parti Martignac, ne veut pas de bouleversement ; elle craint bien autrement les radicaux qu’elle ne redoute les conservateurs, elle est en dissidence complète avec lord Melbourne sur la question de l’église. Il est donc probable qu’elle n’aura pas de répugnance à se tourner vers le parti conservateur, et dès-lors il sortira de là ou un ministère Stanley avec l’adhésion des tories, ou le ministère tory se maintiendra avec l’adhésion du parti Stanley. Pour le moment les radicaux sont hors de cause.

Nous avons tous les jours un noble échantillon de fanfaronnade espagnole. On nous jette des bulletins de part et d’autre où, à travers les plus épouvantables atrocités, nous voyons que les généraux des deux partis se donnent mutuellement de grandes victoires qui consistent en la perte de quelques hommes. Mina est malade. Après douze ans de repos, se jeter dans les fatigues et les périls des montagnes, c’était une faute, c’était mettre de l’histoire au lieu des réalités : quand on passe cinquante ans, vouloir faire le guérilla au milieu des privations de la vie, c’est chose ridicule ; et heureusement pour la gloire du général Mina,