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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/243

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REVUE. — CHRONIQUE.

traversé par des artères les avenues du cœur, et le bien chasse au-dehors les traces de la folie et de la servilité. »

« Celui qui recule devant les choses défendues doit vivre d’une vie de repos. Dieu et les anges viennent au-devant lui, et lui apportent une nouvelle jeunesse et le message de joie ; le bonheur appartient à celui qui aime le bien et a horreur du mal, à celui qui s’attache à l’arbre de salut, aspire à gagner l’appui de la suprême justice, et prête l’oreille à ses paroles. »

D’autres fois le poète quitte ce ton dogmatique et se rapproche de la vie réelle :

« Le monde se montre à nous sous plusieurs faces, les hommes sous plusieurs formes. Prends chaque jour le vêtement que les circonstances exigent, et va-t-en avec chaque homme par le chemin qu’il prendra ; car les jours ne passeront pas comme tu le voudrais ; tes voisins ne se plieront pas à ta volonté, ni le monde à tes désirs, et si parfois il les favorise, ce ne sera pas de longue durée. »

« Prends le titre de noblesse que tu as reçu en naissant. Mais celui-là appartient à ton père ; tâche d’y en ajouter toi-même un autre, afin que tous les deux forment une véritable noblesse. La gloire que ton père s’est acquise ne peut rejaillir sur toi, si tu restes sans rien faire pour en mériter une semblable. Il y a, entre la noblesse de ton père et la tienne, la même différence qui existe entre la nourriture de la veille et celle du lendemain. La nourriture d’hier ne te servira pas pour aujourd’hui, et ne te donnera pas de force pour demain. »

Nous ne pousserons pas plus loin l’analyse des sentences de Samachschari, qui doivent perdre beaucoup de leur prestige et de leur coloris en passant ainsi par une nouvelle transformation. Si ce petit livre ne se rencontre pas chez nous, de toutes parts, comme à Constantinople, il aura pourtant sa place marquée dans plus d’une bibliothèque, et l’on se surprendra plus d’une fois à relire avec bonheur ces pages empreintes d’une si douce moralité et revêtues de cette poésie primitive, de cette poésie d’images et d’inspirations, née sous le chaud soleil d’Orient. Nous devons remercier M. de Hammer d’avoir ajouté cette perle de l’Arabie à toutes les richesses littéraires qu’il nous avait déjà dévoilées. M. de Hammer a maintenant son diplôme de savant, signé non-seulement par tout orientaliste, par quiconque s’occupe d’histoire et de philologie, mais par un homme qui ne signe guère de pareils diplômes, ou qui du moins n’en envoie pas souvent dans nos contrées nébuleuses, par le schah de Perse lui-même. Voici le brevet de l’ordre du Lion et du Soleil qu’il lui adresse, brevet écrit en lettres d’or, et couvert de seize signatures, et d’autant de