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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/245

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HISTOIRE
ET
PHILOSOPHIE DE L’ART.

vi.

MORALITÉ DE LA POÉSIE.


Entre les champions de l’art pur et les apôtres de la réforme sociale, il faut choisir et se décider. Mais il semble jusqu’ici que chacun des deux partis prenne plaisir à embrouiller la question. Les poètes crient à s’enrouer : La poésie est par elle-même une chose complète, indépendante, n’ayant d’autre mission que son caprice, d’autre loi que son bon plaisir ; son but unique et légitime est de réaliser sa fantaisie. Les moralistes répètent chaque jour : La fantaisie livrée à elle-même est inutile dans tous les cas, et souvent dangereuse. Créer pour créer, c’est un monstrueux égoïsme, un dérèglement coupable. L’imagination, libre de toute obligation morale, poursuivant sa rêverie, oubliant le bien comme étranger