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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/281

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HISTOIRE NATURELLE.

ploie le jeune oiseau pour se débarrasser de ses compagnons, j’emportai celui-là chez moi, et je mis près de lui une jeune hirondelle ; il ne tarda pas à la faire déloger. Je la replaçai à ses côtés, il la fit sauter de nouveau, et je lui fis recommencer ce manége autant de fois que je le voulus. Il avait, lorsque je l’emportai, cinq à six jours au plus, et pendant cinq jours encore il continua à manifester cette disposition insociable. Pour arriver à son but, il se remuait, se retournait, jusqu’à ce qu’il fût parvenu à se glisser sous l’hirondelle ; alors, par un mouvement brusque du croupion, une espèce de ruade, il la faisait sauter du haut en bas ; quelquefois il ne réussissait pas du premier coup, car l’hirondelle était plus âgée que lui et déjà assez active, mais il ne se rebutait pas pour un premier échec, et après s’être reposé quelque temps comme pour reprendre des forces, il renouvelait ses tentatives, et n’avait pas de repos qu’il n’en fut venu à ses fins. Au bout de cinq jours, ainsi que je l’ai déjà dit, cette disposition cessa, et il permit à la jeune hirondelle de rester près de lui dans le nid. »

M. Blackwall a fait sur le même sujet des observations qu’on peut lire dans les Mémoires de la Société des sciences de Manchester ; comme elles ne diffèrent en rien d’important des précédentes, nous pouvons nous dispenser de les reproduire ici.

Jenner, Montagu, Blackwall, tout en constatant les dispositions insociables du jeune coucou, n’ont rien vu qui indiquât en lui ce naturel sanguinaire que lui prêtaient les anciens naturalistes. Montbeillard, au reste, avait déjà fait à ce sujet une épreuve assez concluante.

A priori il lui semblait très invraisemblable qu’un oiseau qui, à l’état adulte, se nourrit d’insectes, montrât, dans le jeune âge, des habitudes carnassières ; cependant, comme on bâtit peu solidement lorsqu’on fonde seulement sur des probabilités, il voulut constater le fait par la voie de l’expérience.

« Le 27 juin, dit-il, je mis un jeune coucou de l’année, qui avait déjà neuf pouces de longueur totale, dans une cage ouverte, avec trois jeunes fauvettes qui n’avaient pas le quart de leurs plumes et ne mangeaient pas encore seules ; le coucou, loin de les dévorer ou de les menacer, semblait vouloir reconnaître les obligations qu’il avait à l’espèce ; il souffrait avec complaisance que ces