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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/467

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REVUE. — CHRONIQUE.

hazy, lors du passage de l’ambassadeur autrichien à Paris ; on s’est entendu parfaitement, et nous pourrions ajouter que l’envoyé de M. de Metternich est plus près des opinions du cabinet de Paris que de celui de Saint-Pétersbourg.

C’est un fait positif, que l’avènement du ministère tory, tout en souriant aux idées de la Russie, l’inquiète dans ses intérêts matériels. Sans doute, l’influence morale du parti conservateur est saluée con amore par toutes les puissances absolutistes du continent ; mais les sympathies ne sont pas le seul point de vue sous lequel les états examinent leurs situations mutuelles, et déterminent leur politique. Tant que les whigs ont été au pouvoir, l’Autriche a hésité à tendre la main à l’Angleterre, son alliée naturelle dans la question d’Orient. Un obstacle dominant empêchait le concert : l’hostilité des principes politiques ; l’Autriche redoutait les envahissemens de l’esprit de révolution que favorisaient les whigs ; maintenant l’avènement des conservateurs a dissipé cette crainte. Il y aura tendance naturelle à revenir aux intérêts matériels, et ces intérêts rapprochent de toute nécessité l’Autriche, la France et l’Angleterre, dans la question d’Orient surtout, qui est la préoccupation dominante de la Russie.

Cette question d’Orient se complique ; il faut une solution à l’état de choses qui existe en Perse. Les journaux anglais traitent de rêverie fantastique la possibilité d’un mouvement russe par la Perse sur l’Inde. Sans doute d’immenses difficultés s’y opposent ; mais des choses plus gigantesques se sont opérées : la marche militaire d’Alexandre-le-Grand est encore toute tracée ; ce qu’un faible peuple de la Grèce put exécuter, les Russes, en possession de l’Asie du nord, ne sont-ils pas capables de l’accomplir ? Les tories songent à ce danger, et aux moyens de le prévenir. Or le plus efficace serait la triple alliance dont nous avons parlé, qui serait autrement hostile à la Russie que celle réalisée par lord Palmerston et M. de Talleyrand entre la France, l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal.

Le roi Louis-Philippe a trouvé le prince Esterhazy très fort dans ces idées ; M. de Metternich reconnaît enfin que la France a prêté l’appui de toutes ses forces à ce qu’il appelle l’esprit conservateur de la société. Si la conformité des principes pousse le cabinet de Vienne à se rapprocher des tories d’Angleterre, sa raison ne lui conseille pas moins impérieusement de se liguer avec la France. Louis-Philippe s’est montré tout-à-fait accommodant sur la plupart des exigences de l’Autriche : M. de Metternich demandait depuis long-temps l’évacuation d’Ancône, et Ancône sera évacuée au printemps prochain ; le drapeau tricolore n’offensera plus les yeux des populations pontificales. M. de Rumigny, ambassadeur en Suisse,