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REVUE. — CHRONIQUE.

dans l’intérêt de la poésie dramatique, de voir M. de Vigny réaliser dans Chatterton une partie de son espoir.

Au point de vue où elle s’est placée, la Revue ne pourrait sans inconséquence se décider pour l’éloge sans faire ses réserves. Nous fesons des vœux pour que la popularité de Chatterton réfute glorieusement l’opinion individuelle de notre collaborateur. Tout assure, au reste, une brillante carrière au drame touchant de M. Alfred de Vigny. À l’auteur de Stello la gloire d’avoir le premier tenté une réaction contre le drame frénétique et le drame à spectacle ! Et cette tentative, nous l’espérons, portera ses fruits.


PUBLICATIONS NOUVELLES DU MOIS.

M. A. de Latour, à qui nous devions déjà un volume de poésies intimes, fraîches et gracieuses, et une excellente traduction des Mémoires de Silvio Pellico, vient de publier, sous le titre de : Essai sur l’étude de l’Histoire, un ouvrage qui mérite d’attirer l’attention. Il y a des aperçus brillans, des pages bien étudiées dans ce résumé rapide que l’auteur a fait des diverses méthodes historiques par lesquelles nous avons passé, et des principaux livres d’histoire dont s’est enrichie notre époque. La division des deux écoles philosophique et pittoresque est bien nettement caractérisée, et la troisième école est présentée sous un point de vue neuf et attrayant, que nous nous plaisons à admettre, quoique pourtant on pourrait bien contester à l’auteur la justesse de ce mot symbolique, appliqué à la nouvelle manière d’écrire l’histoire. Le chapitre sur M. Michelet est une analyse consciencieuse, élégante du dernier ouvrage de ce savant écrivain. Après cela, viennent deux autres chapitres, détaillés et complets, que tout le monde lira avec un vif intérêt. C’est l’histoire de la Sorbonne et celle de Port-Royal, histoire fidèle, naïve, racontée avec un grand charme de style et une grande bonne foi, prise aux sources, et revêtue ingénieusement de la couleur des époques diverses qu’elle retrace. Le livre se termine par une chronique de saint Séverin, espèce d’élégie religieuse, en prose, à laquelle se mêlent pourtant des faits traditionnels et des détails d’architecture curieux. Tout cet ouvrage de M. de Latour accuse essentiellement une conscience sévère d’écrivain et une âme jeune et loyale, prompte à s’impressionner, ouverte avec candeur à toutes les douces et généreuses sympathies, de quelque côté qu’elles lui arrivent.