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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/688

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REVUE DES DEUX MONDES.

les deux enseignemens, livrés à une active concurrence, se préparent à se disputer l’avenir du pays. L’éducation publique gagnera-t-elle à ce démembrement ? C’est ce dont personne ne peut répondre. Toujours est-il vrai de dire que les trois universités royales de Gand, de Liége et de Louvain ont perdu dans ce choc les meilleurs élémens de leur succès. Les deux universités libres, de leur côté, ne sont pas encore en mesure de guérir le mal que la révolution a fait aux universités de l’état ; sous le futile prétexte que l’éducation devait être confiée à des nationaux, on a éliminé à Liége par exemple, deux professeurs allemands du plus haut mérite, M. Denzinger, professeur de philosophie, et M. Bronn, professeur de minéralogie. Le Hollandais Kinker, professeur de littérature, le philologue Limburg-Brouwer, Van Rees, professeur de mathématiques, ont eu à subir la même humiliation. À Louvain, on a congédié MM. Mone, Holtius, et plusieurs autres encore.

L’université catholique, fondée sous le patronage direct de l’archevêque de Malines, et qui se voit entourée par conséquent de toute la sollicitude de M. de Theux, obtint du saint Père une bulle d’institution qui fut publiée en Belgique avec tout l’éclat imaginable. Elle fit sa séance d’ouverture le 4 novembre dernier à Malines où une messe du Saint-Esprit fut chantée solennellement dans la cathédrale, par l’archevêque en personne. L’abbé de Ram, nommé par l’épiscopat belge recteur magnifique de la nouvelle université (c’est le nom qu’on donne en Belgique aux chefs de l’instruction), monta en chaire et prononça un discours latin qui dura plus d’une heure, et dans lequel il s’appliqua à démontrer que les idées catholiques n’étaient hostiles en rien au progrès des sciences et des arts. Cette université est maintenant en pleine activité, et déjà l’esprit prêtre qui l’anime fermente dans son sein et menace de déborder. La petite ville de Malines ne suffit plus à sa domination ; elle couve du regard la vieille cité de Louvain, où fut fondée, en 1426, la première université belge. M. de Theux, qui n’a rien à refuser à monseigneur de Malines, qui de son côté ne peut en conscience rien refuser aux universitaires catholiques, a promis de céder aux désirs de ses frères en dévotion, et c’est déjà une chose convenue qu’à l’automne prochain l’université de Louvain deviendra le siége