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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/692

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REVUE DES DEUX MONDES.

M. Raikem a mérité d’être placé au premier rang dans l’armée catholique aristocrate, par sa loi d’organisation judiciaire au moyen de laquelle il a introduit le parti dans la magistrature. C’est un service que les catholiques ne doivent pas oublier ; toutefois ils ont plus de confiance dans les intentions de M. Raikem qu’en son talent. M. Raikem, ancien avocat au barreau de Liége, daigna, comme tant d’autres, le lendemain de la révolution, accepter l’une des premières places de sa province. Il se laissa jeter sur les épaules une robe de procureur-général, ce qui l’amena successivement à la vice-présidence du congrès national, au ministère de la justice et à la présidence de la chambre des représentans. M. Raikem est un orateur abrupte et sans élégance, mais qui ne manque pas d’une certaine clarté. Il est parfois tout aussi bourgeois dans son éloquence que son collègue M. de Stassart, président du sénat, lequel dit un jour en pleine assemblée de la chambre : Messieurs, l’honorable M…… ne pourra pas venir à la séance parce que sa femme est malade, et son petit bonhomme enrhumé.

De même que M. Raikem fut procureur-général après les évènemens de septembre, M. de Stassart accourut de la frontière de France, où il attendait l’issue de la lutte patriotique, pour accepter les fonctions de gouverneur de Namur. M. de Stassart était doublement odieux au gouvernement hollandais, comme membre actif de l’opposition et comme ancien préfet de Napoléon à La Haye, où les souvenirs qu’a laissés son administration faillirent plusieurs fois le faire mettre en pièces par le peuple. Le préfet réquisitionnaire de l’empire a cependant des instans de bonhomie comme le Schahabaham de M. Scribe. Il se délasse en prose et en vers de cette chimère, hélas ! que l’on nomme grandeur, ainsi qu’il le dit lui-même dans une épître datée de 1817. Napoléon, la Sainte-Alliance, le prince d’Orange et la révolution ont reçu tour à tour la fumée de son encensoir littéraire. J’extrais ici d’un petit journal de Bruxelles un échantillon des divers styles de l’ex-préfet de Napoléon, de l’ancien chambellan de l’empereur d’Autriche, puis gouverneur de Namur, et de la province de Brabant pour la révolution belge.