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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/695

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HOMMES POLITIQUES DE LA BELGIQUE.

orangiste. Un petit journal avait même très bien caractérisé la conduite du commandant de la place pendant ces déplorables évènemens, en l’appelant : le colonel Rôde-en-bas-pendant-qu’on-pille-en-haut. Ce mauvais calembour se trouvait une excellente traduction des mouvemens incroyables de M. Pierre Rodenbach. La vérité est que dans ce tumulte la faute fut à tout le monde et à personne. Les autorités eurent peur, et les troupes demeurèrent en face de l’émeute, l’arme au bras, attendant une signature qui ne trouva pas de plume pour se formuler.

Parmi les enfans perdus de l’armée ecclésiastique, il faut aussi ranger M. Desmet, surnommé plaisamment l’Iconoclaste, parce que les caricatures ont le privilége d’exciter sa fureur, et qu’il les déchire dans les cafés quand elles offrent à sa vue la personnification de quelques bévues catholiques. Mentionnons pareillement M. Legrelle, représentant d’Anvers, qui s’est immortalisé par l’épithète de lubrique qu’il eut l’heureuse idée d’appliquer au Tartufe de Molière, à propos de la discussion sur la censure théâtrale.

Dans le corps de bataille de l’aristocratie catholique, l’abbé de Foere, député des Flandres, tient le pennon de M. de Muelenaere, son suzerain et son ami. L’abbé de Foere est un petit homme ramassé, de cinquante ans environ, qui se distingue par des connaissances assez étendues en économie politique. Quand la question de la liberté commerciale sera mûre, on le verra se poser le champion du système prohibitif. Il fut condamné sous le roi Guillaume comme écrivain de l’opposition : enfant de la presse de 1830, il renie aujourd’hui sa mère. Puis viennent M. Liedts, autre député des Flandres, appelé à trente ans à la présidence du tribunal d’Anvers ; M. de Sécus, fils du sénateur ; M. Adolphe Dechamps, le plus jeune catholique de la chambre, versificateur et orateur à la fois, le spes altera du catholicisme à la tribune, jeune homme de vingt-six ans, qui partagea d’abord les idées palingénésiques de M. de Lamennais, qui soutint que le pape ne devait avoir aucune puissance temporelle, et qu’il pouvait gouverner, simple citoyen des États-Unis, aussi bien que souverain dans Rome, mais qui maintenant voit ouvrir devant sa jeune ambition une route plus large dans le parti monarchique.