Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/698

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
694
REVUE DES DEUX MONDES.

que MM. Dubus et Dumortier, tous deux députés de Tournay, le premier, vice-président de la chambre, le second, l’un des questeurs ; encore faut-il faire des restrictions avant de placer ces deux membres sur la liste des orateurs de la démocratie. L’opposition de MM. Dubus et Dumortier a toujours été plutôt dirigée contre la personne des ministres que contre un principe bien arrêté. C’est un reste de ce levain de haine qui avait si bien fermenté sous le ministère de M. Lebeau. M. de Theux, ministre de l’intérieur, et l’ex-libéral M. Ernst, ministre actuel de la justice, ont bien encore quelquefois à s’en plaindre ; mais MM. Dubus et Dumortier n’useraient pas de la même violence vis-à-vis de M. de Muelenaere ou de M. Félix de Mérode. Ils sont retenus par une secrète sympathie de famille, qui se fait jour à travers la mauvaise humeur d’un moment. Quand la question catholique pure est en jeu, M. Dubus devient le conseil du parti, et M. Dumortier son orateur par excellence. Mais si la question monarchique montre seulement le bout de l’oreille, M. Dumortier se transforme en tribun populaire et refuse au roi jusqu’au droit de dissoudre les conseils provinciaux. Si les orateurs du ministère parlent de concessions diplomatiques, M. Dumortier se lève et fulmine : « Tant qu’il y aura un drapeau brabançon sur un clocher de la Belgique, je ne désespérerai pas de l’indépendance du pays. » M. Dumortier est un orateur très passionné, mais très inégal dans ses idées et dans son style. Les politesses de tribune lui sont tout-à-fait étrangères, et il pousse volontiers la personnalité jusqu’à l’insulte.

La sentinelle la plus avancée du parti laméniste est l’abbé de Haerne, jeune ecclésiastique âgé de trente ans, qui vota, dans le congrès, pour la république, et qui, aux dernières élections, fut mis à l’index par les catholiques eux-mêmes. On peut citer, après lui, l’abbé de Smet, lequel, étant régent au collége d’Alost, composa un abrégé de l’histoire de la Belgique, que les gendarmes vinrent saisir comme séditieux jusque dans les pupitres de ses élèves. Je ne mentionnerai que pour mémoire, après ces noms, l’abbé Helsen, espèce d’abbé Châtel, qui dit la messe en flamand et fait des brochures contre le célibat des prêtres. Le peuple de Bruxelles, qui n’entend pas raillerie sur ces matières, lui a