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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/706

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REVUE DES DEUX MONDES.

Ces hommes, ainsi que les précédens, sont nés de la révolution de 1830. Le trône de Léopold est leur œuvre aussi, et la monarchie constitutionnelle représentative est leur dernier mot. C’est sur eux que s’appuie l’espoir de la dynastie ; ils représentent l’arsenal où la royauté prendra toujours ses plus sûres armes. Tous sont en place ou ont rempli des fonctions publiques. L’amour du pouvoir tient plus d’espace dans leur esprit que les affections politiques. Sans éducation première dans les matières ardues de l’administration et de la diplomatie, ils se sont trouvés lancés tout à coup au milieu d’un monde inconnu où les lumières seules de leur raison et de leur intelligence pouvaient leur servir de guides. Quand ils sont venus, après les scènes du combat, mandataires plus paisibles, mais non moins méritans de leur pays, mettre la main au gouvernail pour empêcher le navire de s’en aller à la dérive, d’eux seuls ils avaient reçu leur mission. Lorsqu’il fallut, le désordre passé, renouer ensemble les actes du gouvernement aboli et ceux du gouvernement nouveau, et dresser, comme après une faillite, le bilan de ce royaume improvisé, il se trouva que les pièces manquaient. Les cartons des ministères restaient vides ; c’était à La Haye qu’il aurait fallu aller feuilleter les archives de la Belgique. Qu’on se représente l’embarras dans lequel durent se trouver les membres du comité diplomatique par exemple et les députés auprès de la conférence de Londres, chargés de parlementer avec tous les cabinets de l’Europe et de plaider ex abrupto, et dans cet état de dénuement, la cause de la révolution.

L’extrême jeunesse des mandataires belges ne fut pas le moindre sujet de surprise des négociateurs étrangers. M. Paul Devaux, qui fut ministre des affaires étrangères en 1831, n’avait à cette époque que vingt-huit ans, de même que M. Van de Weyer, à qui le régent confia le même portefeuille, et que le roi Léopold envoya depuis à Londres en qualité d’ambassadeur. M. Charles Rogier, nommé ministre de l’intérieur en 1832, atteignait à peine sa trentième année, et M. Nothomb, l’un des membres les plus actifs de la commission envoyée à Londres, et auteur du bel ouvrage qu’il a eu la modestie d’appeler un Essai sur la révolution belge, M. Nothomb ne comptait que vingt-cinq ans.

Avant d’entrer dans quelques détails sur ces jeunes hommes