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CHANTS DE GUERRE DE LA SUISSE.

M. W. Lejeune en a réuni les plus remarquables, et en a fait un recueil qui mérite d’être étudié[1]. M. H. de Fallers-Leben, l’un des philologues les plus distingués de l’Allemagne actuelle, en a publié un autre recueil, et y a joint des notes intéressantes[2].

Mais aucune nation n’a égalé les Allemands, soit dans l’étude de leur propre poésie populaire, soit dans celle des poésies populaires étrangères. Outre leurs recueils nationaux formés par Büsching, Van der Hagen, Goerres[3], Brentano[4], Erlach[5], ils ont encore cet excellent choix de chants populaires de toute nation, traduits et publiés par Herder, puis les chants populaires de la Russie, par Gœtze ; du Danemarck, par Grimm ; de la Bohême, par Hauker ; de la Suède et de la Hollande, par O.-L.-B. Wolff ; ceux de la France et de l’Italie que nous avons cités, et un recueil de romances espagnoles très estimé[6].

De tous ces chants, il en est peu qui présentent un ensemble aussi régulier, et autant d’intérêt, que les chants suisses, soit sous le rapport de la forme, soit sous le rapport des faits historiques qu’ils retracent.

À voir ce beau pays de la Suisse séparé des contrées qui l’environnent par des montagnes, barricadé par ses forêts et ses rochers, on le dirait bien à l’abri de toute invasion étrangère. À voir toutes ces jolies villes qui se mirent dans les lacs bleus, qui croirait qu’une telle contrée puisse être le théâtre de la guerre ? Si jamais, par un beau jour d’août, vous avez visité Neuchâtel, au milieu de ses sources limpides et de ses coteaux de vigne ; si vous avez, comme Byron, vogué paresseusement avec une voile pareille à une aile insoucieuse (noiseless wing), sur le lac Léman, ou si, vous avançant dans les cantons plus reculés, vous vous êtes mis un matin à contempler les mille reflets de cette écharpe d’or qu’on appelle la cascade du Staubbach ; si vous avez pénétré dans les paisibles et mystérieuses vallées des Grisons, dans les bois de l’Oberhasli, qui de vous n’a rêvé involontairement aux idylles de Gessner ? qui de vous n’a pensé que l’histoire d’une telle contrée devait être bien calme, bien régulière ; et cependant cette his-

  1. Proeven van de nederlandsche Volkszangen sedert de xve eeuw, 1 vol.
  2. Hora belgicae. Pars secunda, 1 vol.
  3. Altdeutsche Volks und meister Lieder, 1 vol.
  4. Des Knaben Wunderhorn, 3 vol.
  5. Die Volklieder der Deutschen, par le baron d’Erlach, 4 vol. Le quatrième n’a pas encore paru.
  6. Florestas de rimas antiguas de M. Bohl de Fabre, 3 vol. On peut joindre aussi à cette énumération le recueil de M. Depping, que nous avons déjà cité, publié à Leipzig, en 1817 ; celui de M. Grimm : Silva de romances viejos, et les chants de l’Edda : Lieder der alter Edda, 1 vol.