Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 5.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
LA NUIT DE NOËL.

Je laissai de mon cœur sortir un chant d’amour
Que rien n’interrompit jusqu’au lever du jour.
Il semblait à longs flots rouler vers la rivière,
Ou suivre le vent triste et froid de la bruyère.
Et c’était un appel à la Divinité,
Pour toute nation un vœu de liberté ;
C’étaient, ô mon pays ! des noms de bourgs, de villes,
D’épouvantables mers et de sauvages îles,
Noms plaintifs et pareils aux cris d’un homme fort
Luttant contre la main qui le traîne à la mort !
Oui ! nous sommes encor les hommes d’Armorique !
La race courageuse et pourtant pacifique !
La race sur le dos portant de longs cheveux,
Que rien ne peut dompter quand elle a dit : Je veux !
Nous avons un cœur franc pour détester les traîtres !
Nous adorons Jésus, le Dieu de nos ancêtres !
Les chansons d’autrefois toujours nous les chantons :
Oh ! nous ne sommes pas les derniers des Bretons !
Le vieux sang de tes fils coule encor dans nos veines,
Ô terre de granit, recouverte de chênes !


L’auteur de Marie.