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REVUE. — CHRONIQUE.

nommerons pas les autres ; disons toutefois, sans désigner personne, que si l’esprit et le tact distinguent nos agens diplomatiques, la science et l’instruction sont une chose bien rare parmi eux. Si l’on excepte M. de Carné, publiciste distingué, que la révolution de juillet a écarté du ministère des affaires étrangères, MM. Bois-le-Comte, Cintral, Billing et Viel-Castel, on ne trouverait peut-être pas deux de nos agens diplomatiques qui aient lu la correspondance de Lyonne, les lettres du cardinal d’Ossat, les négociations du président Jeannin, ou qui aient songé à remonter, au-delà de 1814, dans l’histoire des transactions diplomatiques qui ont marqué les trois derniers siècles. Il est vrai que les jeunes gens versés dans ces matières n’ont pas eu à se plaindre de leur destinée. Sous le ministère de M. de Broglie, M. Guizot les employait à collationner et à étiqueter de vieux parchemins à la Bibliothèque, et leur donnait un sou par manuscrit ! Il leur manquait un nom historique pour faire valoir leur connaissance de la politique de l’histoire.

Nous parlerons prochainement de la diplomatie étrangère et des agens politiques qui résident à Paris.


— Un ouvrage important, les Archives curieuses de l’Histoire de France, depuis Louis xi jusqu’à Louis xviii, par MM. Cimber et d’Anjou[1], déjà parvenu au septième volume, se compose d’un grand nombre de pièces, mémoires, chroniques, etc., ou entièrement inédits, ou inexactement connus et devenus fort rares. Par leur position au sein de la Bibliothèque royale, les auteurs de cette collection ont pu choisir parmi tant de pamphlets, de récits particuliers, de procès-verbaux, etc., imprimés au seizième siècle, et de plus en plus rares, ceux qui par leur intérêt historique méritaient d’être sauvés de l’oubli et d’être remis dans la circulation, à l’usage des personnes instruites et curieuses que ces études occupent : ils ont en même temps puisé aux manuscrits de cette Bibliothèque et aux Archives du Royaume, pour beaucoup de pièces non encore publiées. C’est ainsi qu’on doit leur savoir gré d’avoir reproduit dans leur collection, avec une fidélité qui dispense des originaux, le Cabinet du roi Louis XI, le Vergier d’honneur, la Vie de Bayard par Symphorien Champier. Sans donner en entier le journal de Burchard, qui au reste n’a jamais été publié totalement, ils ont extrait et choisi toute la portion relative à l’entrée et au séjour de Charles viii dans Rome, et tout le monde peut apprécier directement les confidences naïves, souvent citées sur parole, de ce Dangeau de la cour des Borgia. En commençant à partir de Louis xi, c’est-à-dire à partir du moment de l’invention de l’imprimerie, l’intention des éditeurs des Archives curieuses est de ne laisser échapper aucune de ces feuilles légères, intéressantes pour l’histoire politique ou pour celle des mœurs et des arts, qui ont dû échapper à ceux qui ne recueillaient que les mémoires plus considérables et volumineux ; c’est de glaner après eux, après les Guizot, les Petitot, etc., toutes les particularités plus fugitives et plus détournées qui étaient restées de côté et derrière ; c’est enfin de former un appendice et un supplément indispensable à ces

  1. Chez Beauvais, rue Saint-Thomas-du-Louvre, 26.