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LES HIÉROGLYPHES ET LA LANGUE ÉGYPTIENNE.

jusqu’au iiie siècle de notre ère ; et toutes ces phrases sont accompagnées de leur traduction complète. Nous pouvons donc juger la méthode nouvelle par ses résultats, par les applications qu’en a faites l’auteur lui-même. La juger ainsi n’est pas difficile ; nous savons que la langue copte était la langue de l’Égypte aux premiers siècles du christianisme ; voilà notre pierre de touche. La nouvelle méthode sera bonne dès qu’elle pourra lire sur les temples d’Esné, sur ceux de Denderah, des mots, des phrases appartenant à la langue copte qui fut contemporaine de ces monumens. Tout système de lecture qui, essayé sur les édifices dont nous parlons, ne reproduira ni les mots, ni la syntaxe de cette langue, ne pourra prétendre à aucune confiance. M. Champollion nous l’a dit lui-même, dans la langue copte est la seule démonstration possible de la bonté d’une méthode de lecture appliquée aux inscriptions hiéroglyphiques. Nous partirons de ce point.

Autant que l’on en peut juger, M. Champollion a fait les premiers essais de sa méthode, non point sur les monumens de l’époque romaine, mais sur les édifices réputés les plus anciens. Trouvant là, par ses lectures, des résultats fort différens de la langue copte, il s’est expliqué le peu de ressemblance par la grande antiquité des textes qu’il traduisait, « Il n’existe, dit-il dans l’introduction de sa grammaire, aucune langue qui, comparativement étudiée sous le rapport orthographique, à deux époques aussi distantes que celles qui séparent les textes appelés coptes de la plupart des textes égyptiens hiéroglyphiques, ne présente des variations et des changemens bien plus notables encore. » Mais si la plupart des textes hiéroglyphiques sont d’une haute antiquité, il reste aussi de nombreux monumens de l’époque romaine, et ceux-là sont contemporains de la langue copte. Il est donc présumable que ces différences si notables dues à l’action des siècles vont s’effacer peu à peu à mesure que nous allons arriver à des monumens plus voisins de notre époque, d’abord aux édifices construits et décorés sous la domination grecque et à la pierre de Rosette en particulier, puis à ceux des premiers temps du christianisme, et enfin que la différence sera nulle, ou presque nulle, quand nous arriverons aux décorations hiéroglyphiques exécutées sous Trajan, Septime Sévère, Caracalla, Géta. Eh bien ! nullement. Les différences notables que reconnaît M. Champollion demeurent exactement les mêmes à toutes les époques, et les lectures faites sur les temples d’Esné, couverts de leurs légendes hiéroglyphiques au iiie siècle de notre ère, diffèrent tout autant de la langue copte, contemporaine de ces édifices, que les lectures faites sur les plus anciennes murailles de Thèbes. L’influence des siècles n’est donc pour rien dans ces différences. La conséquence à laquelle on serait conduit par l’application de la méthode nouvelle, c’est