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SOCIALISTES
MODERNES.

i.

LES SAINTS-SIMONIENS


Tant que le saint-simonisme est demeuré debout avec ses prétentions exclusives et ses allures étranges, nul bon esprit, en dehors du noyau des adeptes, n’a pu avoir ni le désir, ni la pensée de s’occuper à fond de ses théories. Alors toute louange eût été prise en mauvaise part ; toute critique se serait trouvée en concurrence avec les réquisitoires du parquet. L’église nouvelle était d’ailleurs si fière d’elle-même, elle se présentait avec un tel aplomb, elle avait une foi si robuste dans son excellence, une si parfaite naïveté à s’admirer, qu’on n’osait pas se commettre au sein de ce monde de féeries, encore moins verser des paroles de désenchantement sur ces jeunes et ardentes convictions. Ensuite, comment aurait-on posé les termes du débat ? sur quel terrain aurait-on porté l’examen ? Si l’on niait ou si l’on marchandait la prémisse saint-simonienne, on était récusé ; on restait désarmé si on l’admettait. La discussion devenait ainsi une impasse.